Nadia Xerri-L.
résumé
Deux sœurs, entre vingt et trente ans, se retrouvent dans la maison familiale après le décès des parents. C’est l’heure de la succession. Mais aussi des jeux à retrouver. Des comptes à régler. Du passage à l’âge adulte.
pourquoi ?
incipit
notes de mise en scène
distribution
partenaires
revue de presse
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Un deuxième texte est certainement encore, souvent, autobiographique… Cette pièce est née de la nécessité d’écrire sur la sororité. Mais cette écriture a été guidée par le désir d’écrire pour les actrices Charline Grand et Lamya Regragui (alors tout juste sorties de l’École du Théâtre National de Bretagne) après les avoir longuement regardées danser une nuit.
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Dahlia et Lila jouent ensemble, à distance l’une de l’autre, à papier-puit-feuille-ciseau-caillou. Chacune contre un mur. Parfois elles éclatent de rire. Parfois, la mâchoire serrée, une d’elle lance « Toi je te tue ! »
Dahlia :
Encore ?
Lila :
Non.
Dahlia :
Encore avec autre chose ?
Lila :
Encore avec autre chose.
Lila et Dahlia :
Même père, même mère. C’est cela qui nous a été dit.
Le même sang mélangé dans chacune de nos veines. C’est cela qui nous a été dit.
Le même sang mélangé dans chacune de nos veines sans que toi et moi, on l’ait voulu. Sans que toi et moi, on l’ait choisi. C’est cela qui nous a été dit.
Sœur de Lila, sœur de Dahlia.
Oui.
Sœur de Lila, sœur de Dahlia avec trois ans de différence. Avec aussi les cheveux en différence, la taille en différence, le poids en différence, le grain de peau en différence. Même les mains et les pieds en différence !
Mais : sœur de Lila, sœur de Dahlia.
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Une direction d’acteurs très vive, qui déstabilise le plateau. Un plateau habités d’objets éléments de l’héritage, tous peints en rouge. Aux murs, les pièces de la demeure à la façon du Cluedo. Une ancienne baignoire. Tout ça pour un éternel terrain de jeu.
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Jeu :
Charline Grand (puis Gaëlle Héraut)
et Lamya Regragui
Scénographie : Valérie Jung
Lumière : Stéphanie Daniel
Son : Camille Houard
Régie : Yann Loric
Assistanat : Laurène Blanckaert
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Théâtre Paris-Villette
Villes de Morsang/Orge, La Norville, Palaiseau
ARCADI
Drac Ile de France (aide à la production dramatique)
Fonds SACD
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DIMANCHE 23 – LUNDI 24 AVRIL 2006
Règlement de compte entre deux sœurs
Deux sœurs se retrouvent dans la maison familiale dont elles viennent d'hériter. Deux jeunes femmes fleurs, l'aînée prénommée Dahlia (Lamya Regragui), la cadette Lila (Charline Grand jusqu'au 29 avril, puis Gaëlle Héraut), deux sœurs dissemblables, l'aînée très féminine, la plus jeune "petit garnement", trient les objets qui leur reviennent, égrènent les souvenirs, jouent aux jeux de leur enfance, chantent des tubes en guise de codes secrets, prennent des poses, esquissent des pas de danse et parlent L'Une de l'autre comme dit le titre de la pièce. Surtout elles règlent leurs comptes. De vrais comptes de sœurs, de jalousie, de rancunes, en se jetant les mots à la tête, sur leurs rôles et places au sein de la famille. Dahlia qui n'avait rien demandé et qui refuse ce bébé qu'on lui confie puis assume ses responsabilités jusque dans la cour de l'école, Dahlia, toujours "la première", Lila, "la reine des terreurs enfantines", toujours à la traîne et qui, une fois, prendra enfin les devants. Deux sœurs liguées contre le père ou la mère et réunies par ce semi-abandon parental, par cette vie à deux, par ces phrases que l'une finit quand l'autre a commencé. Deux sœurs qui vont, qui doivent se débarrasser de ce carcan de l'enfance. Le texte de Nadia Xerri-L, joliment servi par les comédiennes, sonne juste et clair, mais la mise en scène, qu'elle a assurée, ne lui rend pas toujours justice. // Martine Silber
SAMEDI 1er ET DIMANCHE 2 AVRIL 2006
« L’une de l’autre », l’entrain en marche
Dahlia et Lila sont sœurs, la première 25 ans, la seconde 22 ; mais elles ne les font pas. Leurs gestes, leurs propos, leurs jeux les tirent vers une adolescence des sens qui leur sied. Comme une dernière danse qu’elles s’offrent. L’une de l’autre est signée et mise en scène par Nadia Xerri-L., 35 ans, qui, elle aussi, écrit des pièces qui ne font pas leur âge. Elle en publie trois d’un coup (1). Dans la première, Solo d’Ava, une femme de 25 ans cajole le deuil de Camille, l’homme qu’elle aimait et qui vient de mourir, dont le prénom convoque le souvenir de Camille Claudel et, partant, la citation d’une lettre adressée à son amant Rodin : « Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente. » Ses pièces ressemblent à cette phrase : le théâtre y est comme l’écho d’un hors champ dont nous ne saurons rien de consistant. Dans la deuxième, Boîtes et Solitude, un individu entre en scène, la trentaine, comme la femme qui lui fait face et monopolise la parole. « Il y a ma voix. Je la croyais femme, je l’espérais femme, mais elle sonne fille », dit-elle. Cela vaut pour L’une de l’autre, la meilleure des trois pièces, mise en scène avec entrain. L’écriture, fluide, coule comme le sable de fin des vacances. Les deux sœurs se bercent de réminiscences, de chansons, et les deux actrices, Lamya Regragui et Charline Grand, excellent à ce jeu-là. // Jean-Pierre Thibaudat (1) Chez Actes Sud-Papiers